Dernier étage sous les toits
au dix de la rue Vivienne ,
…hiver 61 glacial
dans ma mansarde sans chauffage ,…la vitre constellée de merdes de pigeons
sur un coin de ciel gris et de cheminées noires au-dessus de l’évier de pierre …le broc et la cuvettes de faïence sous le miroir ovale ,
décor d’un autre temps , charme suranné de l’opéra de Puccini…
le froid que je fuyais dans l’ambiance enfumée du bistrot
à l’angle de la rue des Petits-champs
avec un café crème que je faisais durer
en regardant la façade noire de la Bibliothèque Nationale…..
Jardins du palais Royal …
le passage vers la galerie sous la fenêtre demi-lune
de la chambre de Colette …guetter son ombre…
imaginer son regard noir me poursuivre
alors que j’arpente à grands pas les dalles de grès usées
le long des vieilles boutiques de timbres , de vieux livres
ou de décorations et médailles militaires…..
les arbres dépouillés…le bassin gelé….
la cour d’honneur avant l’outrage de Buren….
longer les portes vitrées de la Comédie Française…
traverser le terre-plein devant l’hôtel du Louvre …
la rue de Rivoli …les guichets ..le flot des voitures ..le vacarme de Paris….…
je laisse à ma droite l’arc de triomphe du Carrousel…
longe la verdure et les arbres du square pas encore rasé pour une pyramide…
et je pénètre enfin dans la douce chaleur du Louvre ....
une carte m’en donne l’accès gratuit…
je vais m’y perdre pendant des heures en attendant la nuit
où réfugié dans mon pigeonnier je chercherai le sommeil
grelottant tout habillé sous ma mince couverture.....
Une chanson aux couleurs de mon humeur....