Eté 1972…
La pluie…
averses incessantes…
rideau liquide crépitant sur l’inextricable frondaison
de la jungle Laotienne…
la pluie de mousson…
douche tiède qui ne laisse que peu de répit…
qui vous enlève toute chance de sécher
et vous cantonne dans un univers moite
aux relents de pourriture et de végétation décomposée….
Luang Prabang …
la cité royale , la ville au 65 pagodes …
noyée sous le déluge de cet été 72 ;
désertée de sa population fuyant une autre mitraille ,
un autre déluge…de feu celui là…..
encore tenue par une poignée de soldats loyalistes Hmongs de Xieng Khouang…
cernée par le Pathet Lao et le Vietminh….
étrange ambiance…
étrange cohabitation avec ces petits hommes verts armés jusqu’aux dents
qui nous regardent avec un ahurissement incrédule ,
photographier sous l’illusoire protection de nos K-ways
des merveilles d’architectures ou de sculptures
qu’on ne leur a sans doute jamais appris à voir…
surréalisme de notre situation qui nous pousse à bénir cette avalanche céleste
qui nous permet , l’espace d’une courte trêve ,
de nous évader de la sécurité de l’hôtel et de ses interminables partie de cartes
avec des journalistes des quatre coins du globe
coincés comme nous entre l’eau et le feu…
bienheureuse inconscience de notre jeunesse
qui nous promène sur un champ de bataille
avec l’inébranlable conviction
d’être à l’abri des obus sous la protection bienveillante
des Dieux de l’ART…