Je vous parle d’un temps
où je frimais en mobylette ,
le vent iodé du large dans les cheveux….
sans casque obligatoire….
sans papiers , sans permis , sans immatriculation… et sans accident…
Un temps où l’automobiliste sans ceinture
ignorait bouchons , péages , radars , vitesse limitée , crise pétrolière ,
co2 et couche d’ozone , horodateurs ou parkings payants….
Plaisir sans contraintes de la route
ineffable sensation de liberté et d’espace….
Un temps où l’on composait un numéro
sur le cadran circulaire d’un combiné téléphonique
qu’on avait attendu deux ans…
Un temps où l’on pratiquait encore la magie de l’écriture….
où l’on ciselait phrases et mots pendant des heures…
pour se mettre cœur et âme à l’encre violette sur papier quadrillé…
Un temps où le facteur avait de l’importance..
Où la boîte à lettres ne se contentait pas de factures et prospectus..
Un temps où l’on pouvait griller une cigarette n’importe où et sans honte….
où l’amour ne rimait pas avec préservatif…et l’humour avec corrosif …
Un temps ou le respect avait un sens et la peur de l’autre un non-sens…
Je vous parle d’un temps où l’on avait le temps…
le temps de vivre et de respirer…
le temps de prendre son temps et de le regarder passer…
serein et sans angoisse….
C’était le temps de mon adolescence….de mes 15 ans…de mes 20 ans….
c’était le temps de l’insouciance…de l’inconscience….
avant que la course effrénée vers des lendemains radieux
ne décide que le mieux serait l’ennemi du bien et ne mette l’existence en coupe réglée…..
que la raison ne prenne la place du rêve…et la réalité celle de l’utopie…
Un avenir carcéral et sécuritaire à outrance au milieu d’interdits…
sans risques ni imprévus…on pense pour nous
du temps prémâché , prédigéré , ennuyeux… qui semblera interminable…